FRÉJUS PAR 50 DEGRÉS À L'OMBRE...

13/07/2020

Qu'elle fut pénible, cette journée de dédicaces à Fréjus ! Mais j'en ai retenu trois choses: 1/ Si je retourne là-bas, ce sera uniquement pour aller me baigner. 2/ Les quiches aux épinards sont dégueulasses. 3/ J'ai des amis merveilleux ! Vous voulez tout savoir ? Je vous raconte...

Avant de me retrouver à faire des selfies dans cette ruelle déserte par cinquante degrés à l'ombre (en essayant de tuer le temps sans bousiller complètement la batterie de mon téléphone), je suis partie le cœur vaillant tôt le matin même. Comme il y avait un monde fou sur la route, quelques péages hors de prix plus loin, je suis arrivée bien après l'heure convenue, aux alentours de 11 heures. C'était jour de marché, les parkings étaient pleins, et après avoir un peu tourné j'ai pu enfin me garer.  

Déjà, rien qu'en ouvrant la portière, sortant de ma voiture climatisée, j'ai eu l'impression d'avoir mis la tête dans un four. Tu vois, cette sensation quand tu vérifies la cuisson d'un gâteau, et que tu t'approches un peu trop près.... et que, quand tu relèves à nouveau la tête, tes cils sont devenus roux et que tu commences presque à peler....

Donc je sors de ma voiture et j'appelle la libraire pour demander un peu d'aide pour mes énormes cartons de livres qui pèsent un âne mort. Bah, non, crève la bouche ouverte, débrouille-toi, ma cocotte... car de l'aide, tu n'en auras pas !

Je charge donc mes trois cartons et mes deux roll-up sur le diable pour remonter la rue sur 300 mètres, en me mettant dans l'état d'esprit Sarah Connor ou Trinity, cet état d'esprit positif qui te fait imaginer que ça va, tout est dans la tête, l'esprit est puissant et limite tu es prête à intégrer une unité de combat et entrer dans le corps d'élite des Seals avec Demi Moore...

Trinity state of mind !
Trinity state of mind !

J'ai donc traversé tout le marché en coinçant régulièrement les roulettes du diable dans de petites bouches d'égout et en faisant tomber les roll-ups quand les gens venaient se coller trop près de moi malgré mes: "Poussez-vous! Poussez-vous! Je vais accoucher! "

Arrivée en haut, je pue déjà la transpiration et je suis rouge comme une ivrogne. Pas super fraîche, je m'arrête pour hyperventiler un peu devant les maillots de bains et les chaussures à talons. Là, je vois la grosse affiche devant la librairie qui me met un peu de baume au cœur. Je me prends soudain pour Mary Higgins Clark, ( ou Ray Bradbury avec des ballerines et du rouge à lèvres...) et je trouve que ça en jette. 

Ça en jette, non? 

Là, c'est à peu près la taille de mes auréoles de transpiration sous les bras quand je suis arrivée...
Là, c'est à peu près la taille de mes auréoles de transpiration sous les bras quand je suis arrivée...

J'entre dans la librairie, je m'installe, je sors les bouquins, je déplie les roll-up, je m'assieds enfin... je bois toute une bouteille d'eau.... 

Et là, en fait, on me dit que la librairie va bientôt fermer...

Ouais.

La loose.

Respire, célia. Respire...
Respire, célia. Respire...

Un peu dégoutée, je me réjouis toutefois du repas à venir avec les libraires, un échange humain et positif entre amoureux des livres. Je demande donc ce qui est prévu pour midi. Et on me répond: "Désolée, je pars en vacances ce soir, je n'ai pas pu m'occuper de quoi que ce soit, mais vous trouverez des boulangeries et des restaurants dans la ruelle."

Garde le contrôle Célia, garde le contrôle...
Garde le contrôle Célia, garde le contrôle...

Il est 12h30 et ça rouvre à 14h30. Donc, je comprends que je vais errer pendant deux heures dans les rues de Fréjus, et, vu que je n'ai pas un radis (parce que c'est connu que la plupart des auteurs ne deviennent riches et célèbres qu'après leur mort), je ne peux pas trop me permettre de claquer 30 euros pour une salade au chèvre chaud. 

Dehors, c'est le désert brûlant, genre Albuquerque dans Breaking Bad. Pas un chat dans les rues, c'est mort de chez mort. Je me dis qu' à coup sûr, je vais tomber sur Jimmy qui traîne des sacs de pognon pendant qu'Ehrrmantraut surveille de loin avec son fusil sniper. 

J'achète un truc aux épinards (immonde, mais je ne le savais pas encore) et je vais me caler juste en face de ça:

Bah, pas besoin d'aller à Compostelle pour faire un pèlerinage sacré. Déambuler dans les rues de Fréjus en plein mois de Juillet, c'est déjà une expérience mystique en soi. Bref, à 14h25 je suis de nouveau devant la librairie. Et cette fois c'est la bonne. Enfin.... presque....

Située près de l'entrée à côté du gel hydroalcoolique, j'ai plus souvent expliqué au gens qu'il fallait appuyer avec le pied pour faire sortir le gel que ce dont il était question dans mes bouquins. J'ai appris des choses sur la communauté arménienne (Alain Chémédikian, paraît-il, avait un grand cœur) , sur l'utilisation des stylos Bic (un monsieur m'a dit qu'il en usait un par semaine tellement il écrit vachement beaucoup ) et aussi sur le premier roman d'Oliva Ruiz (Ah, bon, elle écrit?) 

Dieu Merci, cette journée a pris fin vers 19h00, et par la grâce des anges qu'Il m'a envoyés du ciel (enfin... plutôt de Vidauban !) j'ai pu regagner ma voiture sans transpirer davantage. 

Je vous le disais tout à l'heure, j'ai des amis extraordinaires. Et je veux profiter de cette tribune pour exprimer ma profonde gratitude à Odile et Didier, qui m'ont apporté tout le soutien moral et physique dont j'avais besoin à ce moment-là. 

Non seulement ils ont attendu que je termine les dédicaces en tournant en rond dans Fréjus au risque de se prendre une prune, mais en plus ils m'ont aidée avec les cartons et m'ont ramenée au parking.

Bon, il fallait quand même que ça merdouille à la sortie du parking: ma carte bleue ne passait pas pour une histoire de bande magnétique. J'ai dû demander à des inconnus de régler par carte tandis que je leur donnais la somme en liquide. (Bah ouais, sinon c'eût été trop facile...)

Bref, sur le chemin du retour, j'étais mitigée. 12 années de galère dans les foires médiévales, les salons du livres, les librairies... 12 années à me battre envers et contre tout pour vendre quelques livres. Cela en vaut-il vraiment la peine ?

Eh bien, quelqu'un a laissé un commentaire à mon intention sur Facebook, et voici ce qu'il a écrit: "Je crois, Célia, qu'après quelques années, le visage exprime, non seulement la beauté acquise par la maturation lente de l'âme, mais aussi par la teneur des expériences vécues dans ce monde. Vous émanez une clarté qui dit à quel point vous possédez une beauté innée que les rides ou les cernes ne pourront jamais effacer... et une vraie richesse acquise par la pureté avec laquelle vous avez tracé le chemin de votre beau parcours ici-bas.J'ai suivi de loin le mouvement de vos écritures avec une vraie joie. Que jamais cet élan ne vous quitte."

Ces petits mots, j'en reçois beaucoup de la part d'adorables personnes de mon entourage proche ou virtuel. Des mots, et parfois aussi des fleurs, comme celles que j'ai eu la la surprise de recevoir lundi  ❤❤❤ Donc spéciale dédicace à mon guimauve geeker !

Ces cadeaux me touchent au point que j'y entends la réponse que je cherche... (ou alors, je veux voir des signes partout et je suis schizophrène !)

Oui, ça en vaut la peine ! Non pas parce que cela me rendra plus riche, ou plus célèbre, ou plus je ne sais quoi. Mais tout simplement parce que c'est mon chemin ! Et cet élan ne me quittera jamais ! Heu... enfin... je crois....

Moralité: je ne vais pas (encore) me reconvertir en assistante dentaire ou en conseillère CAF, et vous n'avez pas fini de supporter mes stories sur FB et Insta :-)